C'est mon dernier post sur INCEPTION pour ne pas encombrer éternellement le forum.KLAATU,si tu désires continuer cette discussion,contacte moi SVP par MP.
Tout d'abord,prière de ne pas oublier de rajouter des "à mon avis","je pense que","il me semble que", "d'après moi" un peu partout dans mon texte.Je ne veux pas trop le faire car cela encombrerait inutilement mes phrases déjà très longues au demeurant.Il est évident que ce que j'écris est seulement ce que je pense et non une vérité absolue.
klaatu a écrit :"Tous les bons cinéastes..."
Ceci est très subjectif et je ne suis pas d'accord avec toi. Même Orson (qui était un drogué du montage et ADORAIT traficoter ses bobines) en utilisait (tiens revois le début de "Kane" ou encore "The Lady From Shanghai")...
Tu as tout à fait le droit de ne pas être d'accord avec moi et c'est même ça ,à mon avis,qui est intéressant.Effectivement,Orson Welles utilisait quelques fois des inserts mais ils n'étaient jamais gratuits,toujours amenés de manière élégante,toujours au service du scénario et il y en avait quand même 100 fois moins que chez Christopher Nolan.
Quand tu parles de THE LADY FROM SHANGHAI,je ne sais pas à quelles séquences tu fais référence.Et il ne faut pas oublier que la production a imposé à Welles de tourner de nombreux gros plans sur ce film,ce qu'il ne voulait pas faire au départ.On lui a aussi effectivement interdit de tourner certains plans-séquence.Et le montage définitif du film n'est pas le sien.Il a hurlé quand il a vu combien THE LADY FROM SHANGHAI était découpé et quand il a entendu la musique envahissante qu'on avait rajoutée derrière son dos.
Quand tu parles du début de CITIZEN KANE qui est totalement SON film par contre,je pense que tu fais référence notamment à l'insert sur la boule neigeuse,suivi du très gros plan sur les lèvres de Welles. Mais justement,cet insert,nécessaire et non gratuit,car il explique quelque part tout le film,est amené de manière élégante par les plans qui le précèdent.D'ailleurs,toute cette séquence d'ouverture de CITIZEN KANE est surdramatisée et tournée dans un style baroque,que ne possède pas du tout,à mon avis, Christopher Nolan,qui n'a pas le talent sans parler du génie,les compétences techniques et les techniciens qui vont avec.En plus de cela,toutes les séquences de CITIZEN KANE ne sont pas surdramatisées et toutes tournées dans un style baroque,loin de là.Il y a des tas de styles différents de découpage et de filmage dans CITIZEN KANE.
L'un des nombreux reproches que je fais à INCEPTION est justement de ne pas avoir de nuances et d'être dans la surdramatisation permanente,très loin d'être toujours justifiée.
(L'humour caustique démarre là...)Non vraiment,comparer Christopher Nolan à Orson Welles,c'est pour moi comme si l'on comparait Milli Vanilli à Prince.Mais bon,là encore,peut-être ai-je tort ?Peut-être que les Milli Vanilli sont de bien meilleurs artistes que Prince,après tout ?(L'humour caustique se termine ici).
klaatu a écrit :
Eastwood pas inventeur de forme cinématographique? Mmmmmm... Une forme cinématographique cela s'appelle un film... Cela dit je t'invite à revoir certains de ses films (je pense à "Play Misty For Me")... Eastwood à une marque de fabrique donc sa "forme cinématographique"... Et on ne fait pas de films (en plus, je suis ton raisonnement) simplement pour inventer des techniques cinés, sinon cela s'appelle justement se la donner (ce que tu reproches à "Inception") et c'est vide. Un réalisateur se doit de se mettre au service de l'histoire.
Tu vas rire mais je suis d'accord avec presque tout ce que tu as écrit.En ce qui concerne Clint Eastwood, tu m'as mal compris ou je me suis mal exprimé.Quand je disais que je n'étais pas fan de Clint Eastwood,c'était juste pour souligner que je ne prenais pas que des exemples parmi mes cinéastes favoris.Clint Eastwood est un bon cinéaste,mais je le trouve parfois un peu trop "américain" à mon goût. Ce n'est que mon opinion et je la partage,comme diraient les Dupondt.Bref,passons.
Quand je disais que Clint Eastwood n'était pas un inventeur de formes cinématographiques mais un très bon cinéaste classique,c'était une constatation et en aucun cas,un reproche.Bien au contraire,il m'arrive parfois de penser que parmi les plus grands cinéastes américains,ce ne sont pas les inventeurs de formes cinématographiques les meilleurs(Orson Welles,Hitchcock),mais peut-être ceux dont le style est le moins apparent,car plus fin,plus subtil(Billy Wilder et sa haine de l'"épate-bourgeois " ,John Huston, Howard Hawks).
klaatu a écrit :
Pour ce qui est des faiblesses du scénar, je ne suis pas convaincu (mais chacun son opinion. Est-ce que tu en écris?)
Effectivement,j'écris des scénarios,mais cela ne veut pas dire pour autant qu'ils sont bons.
klaatu a écrit :
"c'est de jongler en permanence au sein d'un même film avec des plans courts,des plans longs,voire des plans-séquence,des plans plus ou moins rapprochés,des plans larges,des plongées,des contre-plongées, des plans à hauteur d'homme,des plans fixes,des mouvements de caméra désignés comme tels,des mouvements de caméra non désignés comme tels,une musique omniprésente,une absence de musique, des raccords de regard,des raccords de mouvement,des raccords dans le mouvement,des coupes franches, des fondus enchainés,des fondus au noir,etc.,etc.,etc."
Ben justement dans "Inception", tu as tout un tas de plans différents et d'angles variés! Ton argument contredis ce que tu reproches au film là... Je n'ai jamais ressenti le fait que la mise en scène était outrancière (tu admets donc qu'il y a une mise en scène
) et les ralentis etc... C'est normal nous sommes dans le rêve, le film fait corps avec son propos!
Là encore,j'ai peut-être eu tort d'énumérer tout ce langage cinématographique.Je ne voulais pas dire par là qu'il fallait utiliser tous ces outils dans un film.Je voulais juste dire qu'un bon cinéaste doit savoir changer de style dans un même film et utiliser ces outils à bon escient.
A mon avis, le grand défaut de la majorité des cinéastes hollywoodiens actuels ,c'est qu'ils n'ont pas de politique de découpage au départ.Ils ne réfléchissent pas assez à leur mise en scène en amont du tournage et tournent leurs scènes en multipliant les angles de prise de vue pour se couvrir,parfois avec une dizaine de caméras.(Pour exemple,John Ford tournait ses scènes d'action avec 2,3 caméras maximum car il avait pensé à tout avant le tournage).Et bien sûr,comme tu le dis,on se retrouve avec tout un tas de plans différents et d'angles variés.Et bien entendu,la tendance au montage est de vouloir tout mettre.Et cela donne du clip.Aucune réflexion sur la mise en scène.
Franchement,as-tu le souvenir,sans même parler de plans-séquence,d'un plan réellement long dans INCEPTION ? D'une absence de musique ou même d'une musique un peu moins envahissante ? Y-a-t-il dans ce film de nombreux plans fixes ?
Et je ne vois vraiment pas pourquoi,parce que l'on se retrouve dans des rêves,il devrait obligatoirement y avoir tous ces inserts,tous ces gros plans,tous ces ralentis,ce côté clip.LA MAISON DU DOCTEUR EDWARDS d'Alfred Hitchcock ou FREUD,PASSIONS SECRETES de John Huston nous prouvent le contraire.
Je voudrais poser maintenant une question essentielle à mes yeux.Franchement,ne peut-on pas,même et surtout dans les films hollywoodiens à grand spectacle,revenir à un peu plus de simplicité,construire une histoire cohérente avec des personnages consistants,sans surdramatiser sans cesse par une mise en scène outrancière et sans aller au 719ème niveau de subconscience ? A mon avis,toute cette surenchère est vaine.Ce sont parfois les films à grand spectacle,en apparence anodins,voire même enfantins,qui sont en réalité les plus ambitieux,les plus profonds et qui expriment le mieux la personnalité de leurs auteurs.
Je donne quelques exemples.
Certains films d'aventures de John Huston et notamment MOBY DICK et son idée du blasphème qui a obsédé le cinéaste à tel point qu'il a voulu tuer un éléphant sur le tournage d'AFRICAN QUEEN,je crois.
La 1ère trilogie STAR WARS et peut-être même la seconde tant qu'on y est,sa structure de conte pour enfants et son complexe d'Oedipe.
Le western RIO BRAVO d'Howard Hawks et l'amitié virile entre ses personnages faisant écho à l'homosexualité du cinéaste,difficile à affirmer et à assumer dans le contexte hollywoodien de l'époque.