Le livre “Prince and the Purple Rain Era Studio Sessions: 1983 and 1984” par Duane Tudahl sort le 15 novembre 2017 et promet d’être un livre de référence sur Prince.
Questlove, qui a en a rédigé la préface et grand fan de Prince dit de ce livre que « c’est celui que nous attendions tous ».
Duane Tudahl est un fan américain qui a découvert Prince à l’époque de Controversy/1999. Sa passion l’a conduit à travailler avec l’équipe d’Uptown, qui est reconnu comme le meilleur fanzine/magazine sur Prince dans les années 90. Il a collaboré à la rédaction des ouvrages de référence que sont « The Vault » et « Dance Music Sex Romance » de Per Nilsen et l’équipe d’Uptown. Ces publications, par leur sérieux et leur précision, font référence et ont servi de base pour de dizaines de biographies de Prince (parfois des plagiats purs et simples).
Duane dit que ce livre est le fruit de 20 ans de travail et de passion. Il en a commencé la rédaction il y a 4 ans en rencontrant de nouveau (après avoir travaillé sur « Dance Music Sex Romance » de Per Nielsen) ou pour la première fois les témoins directs de cette époque. Sa passion, sa fine connaissance du sujet, le respect et l’amour de l’œuvre de Prince et ses relations lui ont permis de rencontrer et sympathiser avec de nombreux proches ou anciens proches de l’artiste.
Aucune traduction en français n’est prévue.
Le premier chapitre peut déjà être consulté sur Amazon.com (en cliquant sur « Look inside » au-dessus de la couverture du livre) :
www.amazon.com : Prince Purple-Rain Studio Sessions
Duane a accordé une interview à Schkopi.com et nous a permis de lire en avant-première son livre. A la lecture de celui-ci, nous ne pouvons qu’approuver la déclaration de Questlove et vous recommander fortement ce livre. D’autres volumes (1985-1986) pourraient voir le jour en fonction du succès de cette édition.
Notre interview sera mise en ligne dans quelques jours.
Cet ouvrage de 552 pages est disponible sur amazon.fr, fnac, etc…
2 ans pour une « Révolution » musicale
« Prince and the Purple Rain Era Studio Sessions: 1983 and 1984” chronique l’épopée et l’immense créativité de Prince entre le 1er janvier 1983 et le 31 décembre 1984 : de la tournée 1999 quand la popularité de Prince allait grandissante (avec la sortie de Little Red Corvette en single et la diffusion du clip sur MTV) jusqu’à l’apogée du Purple Rain Tour. En 1982, Prince avait enregistré et sorti un album pour lui (1999), The Time (What Time Is It) et Vanity 6. Malgré le succès critique et commercial rencontré par ces trois albums et la tournée qui a suivi, Prince ne se repose pas sur ses lauriers, et au contraire, accélère le rythme. Entre 1983 et 1984, alors agé de 25/26 ans, Prince a enregistré pas moins de six albums entre Los Angeles et Minneapolis: Purple Rain, The Glamorous Life (pour Sheila E.), Ice Cream Castle (pour The Time), les albums éponymes d’Apollonia 6 et The Family, Around The World In A Day, des chansons pour Sheena Easton, Stevie Nicks, Dez Dickerson, André Cymone, Mazarati…. et des faces B. Mais aussi des projets inachevés (le second album de Vanity 6), des titres qui ne sortiront que quelques années plus tard (l’album de Jill Jones) ou qui resteront archivés dans le coffre. Sans parler du film Purple Rain et la tournée qui commence en novembre 1984, les concerts-surprises et la gestion de ses groupes : la fin de The Time et la création de The Family, les départs de Dez Dickerson et Vanity, remplacés par Wendy et Apollonia…
What Time Is It ?
La relation complexe qu’avait Prince avec les membres de The Time est finement analysée dans ce livre. La manière dont il avait fabriqué le groupe et la mainmise qu’il avait sur lui a créé de nombreux malaises (frustration de ne pas pouvoir composer et produire de chansons, musiciens payés au salaire minimum). Cela se serait bien passé si, comme le dit Jellybean, « ils n’avaient été que des pantins sans talent ». Mais lors de plusieurs dates de la tournée « 1999 », les critiques et le public réagissaient plus favorablement au set de The Time qu’à celui de Prince. Cela l’a poussé à se perfectionner et se dépasser, et The Time en faisait autant chaque soir, créant un esprit intense de compétition. Au fur et à mesure que la tournée avançait, les concerts étaient de meilleures qualités pour le plus grand plaisir du public et des critiques (des dates étaient ajoutées régulièrement), mais en coulisse, l’esprit de camaraderie se détériorait. Au point que Prince interdisait au groupe de faire certaines danses ou retirait leur nom de l’affiche lorsqu’ils devaient se produire dans des villes comme New-York et Los Angeles pour ne pas prendre de risque dans cette course à la perfection qu’il a lui-même créée et imposée (car comme il l’a dit dans plusieurs interviews: « The Time était le seul groupe dont [il] avait peur »). « Mutiny », enregistrée pendant l’été 84, évoque la fin de l’aventure de Prince avec The Time .
Esprit de compétition, corrélation ou cause à effet ? On ne sait pas dans quel état d’esprit était Prince quand il a composé et enregistré son plus gros tube When Doves Cry le lendemain de la cérémonie des Grammy Awards où il était nommé pour deux trophées… raflés par Michael Jackson.
« Prince n’était pas en compétition avec Michael Jackson. Il était en compétition avec TOUT LE MONDE. » – Wendy & Lisa
Duane Tudahl aborde sans concession tous ces instants difficiles sans occulter les bons moments. Tous les protagonistes de cette époque évoquent les moments heureux vécus avec lui, et reconnaissent son talent immense sans remettre en question qui était le patron au bout-du-compte. Le récit illustre cette incroyable période, étape par étape, avec des nombreux extraits d’interviews de toutes les personnes concernées. La création et la fin des autres groupes satellites ou protégés (Vanity et Apollonia 6, The Family, Sheila E.) sont aussi chroniquées, développées et expliquées tout comme la place que tenait Wendy et Lisa dans son travail de l’époque, l’influence de David Coleman qui a ouvert Prince à d’autres univers musicaux, sa rivalité personnelle avec Jesse Johnson etc….
« I am music » – Prince
La façon dont il enregistrait ses albums est aussi mise en lumière. Les chansons qui se sont retrouvées sur « Purple Rain » et « Ice Cream Castle » ont été enregistrées sur une période longue (plusieurs mois) alors que les albums d’Apollonia 6 et Sheila E. ont été en grande partie mis en boite en une semaine seulement parce que son intérêt et les enjeux étaient moindres (Apollonia 6) ou parce qu’il a eu une forte inspiration et poussée créatrice (Sheila E.). Pour « Purple Rain », chaque chanson a été disséquée, retravaillée, remixée, revue même pour des micro-parties, comme « Baby, I’m A Star » où il a refait les voix pour censurer un mot qu’il avait prononcé lors de la prise live. Prince s’occupait même des versions « édits » pour les singles, en les faisant lui-même ou en donnant des instructions précises aux ingénieurs par téléphone. Chaque soir, une copie cassette était faite pour qu’il décide de ce qui sortira ou pas, la place de telle ou telle chanson ou version (album, face B, maxi, film) de ce qui mérite d’être encore retravaillé ou laissé en l’état. Avant cela, la spontanéité était de mise et les erreurs étaient conservées, « la vibe était plus importante que la technique » et l’enregistrement d’un titre pouvait ne durer que 6 heures. Si Prince voulait éventuellement revenir dessus, il le faisait quelques temps plus tard. Pour ces projets qui devaient sortir en 1984, Prince a tout calculé et ne voulait absolument rien laisser au hasard, en prenant le temps qu’il fallait, jusqu’à épuiser ses ingénieurs.
Le livre ne se contente pas de lister les sessions (date, lieu et participant), mais raconte aussi de façon pédagogique l’histoire des morceaux. Il tente aussi d’expliquer pourquoi tel ou tel titre est sorti ou resté inédit, ce qui a poussé Prince à modifier les configurations d’albums, l’ordre des titres, retirer et ajouter ce qu’il estimait être bon pour chaque projet. Et à quelques occasions, les sources d’inspiration, les événements et histoires qui ont contribué à sa création sont évoqués.
Récits et témoignages de la cour pourpre
La finalisation du livre a été repoussée plusieurs fois, tant les interviewés s’occupaient de le mettre en relation avec d’autres témoins ou acteurs de cette époque, qu’ils soient musiciens, ingénieurs ou amis. Outre les habituels et incontournables Susan Rogers, Wendy & Lisa, Susannah Melvoin, Jill Jones, Alan et Eric Leeds, on trouve des témoignages d’ingénieurs peu sollicités pour des biographies par le passé : Terry Christian, Peggy Mc Creary, Coke Johnson, mais aussi David Coleman (frère de Lisa et auteur d’ « Around The World In A Day »), Albert Magnoli, Bob Cavallo, Jill Jones, Brenda Bennett et plein d’autres…. Ces récits sont complétés par des extraits d’interviews issus de la presse, de la radio ou de la TV, de Morris Day, Jesse Johnson, Jimmy Jam, Sheila E. et Prince pour confirmer, infirmer , développer ou préciser certains faits.
L’auteur ne s’est pas limité aux interviews des témoins et acteurs de cette époque, quelle que soit l’importance de leurs rôles. Il a également mené des travaux d’analyse et de chercheur pour confronter les sources , mettre à jour les contradictions, recouper et vérifier les informations pour un fact-checking minutieux. Tout cela permet à Tudahl de corriger les erreurs et parfois remettre en cause ce que l’on savait déjà avec des éléments factuels et de contexte. L’œuvre créée par Prince est tellement immense et extraordinaire qu’elle n’a aucun besoin d’être déformée ou écornée par des inexactitudes ou contre-vérités.
Le travail minutieux sur ce livre, avec l’aide d’une petite équipe, ayant duré plusieurs années, Duane a dû revenir dessus pour changer le texte après la disparition soudaine de Prince pour modifier les « Prince est » en « Prince était ».
Ceux qui ont dévoré les autres biographies en auront pour leur compte et découvriront des informations jusqu’alors inconnues, et importantes pour comprendre le processus créatif et l’évolution de l’artiste. Il y a aussi des histoires plus anecdotiques et amusantes: quel est le titre que Prince a proposé à Eddie Murphy (et qu’il a refusé) ? Qui joue du saxophone sur la version de 1983 de « G-Spot » ? Pour quel titre Jill Jones a dû aller dans des restaurants italiens et discuter avec des chauffeurs de bus pour traduire un texte ? Dans quelle chanson fait-il référence à la partie européenne du Dirty Mind Tour ? D’où vient le surnom « The Kid » ? Qui imitait-il vraiment lorsqu’il prenait sa voix de Jamie Starr ? Écrivait-il réellement le script de « Purple Rain » dans son fameux « Purple Note-book » ? Quelle était l’influence de Gary Numan ? Quel classique devait commencer par « A boy got killed at Disneyland today / Some say he was trying to be Superman »?
Vous pouvez suivre Duane Tudahl sur la page Facebook qu’il a créée pour son livre :
Prince: The Complete Studio Sessions book series
Prince and the Purple Rain Era Studio Sessions: 1983 and 1984
Par Duane Tudahl
Relié : 552 pages
Editeur : Rowman & Littlefield Publishers (15 novembre 2017)
Langue : Anglais
Dimensions du produit : 15,2 x 3,4 x 22,9 cm
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